Les symphonies

Quand Magnard, interrompant ses études au Conservatoire de Paris, choisit comme maître Vincent d’Indy plutôt que César Franck, c’était en bonne partie pour sa science de l’orchestre. Pour Magnard, c’était en effet primordial. L’étude de sa production est, de ce point de vue, assez éclairante : sur vingt-et-une œuvres publiées, neuf sont pour orchestre seul (dont quatre symphonies), auxquels il faut ajouter ses trois opéras.

Magnard a écrit très tôt pour l’orchestre. Ses deux premières symphonies sont déjà les quatrième et sixième ouvrages de son catalogue. Il était un symphoniste dans l’âme. Lorsque l’on cherche à le comparer à d’autres compositeurs, ce sont les noms de Mahler, et surtout de Bruckner, qui nous viennent : deux compositeurs indissociables de leurs neuf symphonies officielles, à l’instar de Beethoven, le modèle dont Magnard s’est maintes fois revendiqué.

Si sa mort prématurée ne lui a pas permis d’atteindre ce chiffre symbolique, ses quatre symphonies constituent également un corpus très important au sein de sa production, mais aussi au regard de la musique française de l’époque. La Première a été écrite sous le contrôle de son maître d’Indy, et contient encore quelques maladresses. Dans la Deuxième (qu’il remania considérablement par la suite), Magnard s’affranchit de cette influence, et devient vraiment lui-même. La Troisième est celle de la plénitude de la maturité. Et dans la Quatrième, sa dernière œuvre publiée, Magnard voit vers l’avenir.