Mise en avant

Bienvenue sur le site officiel !

Vous êtes sur le site Albéric Magnard, consacré à l’œuvre et à la vie de ce compositeur.

Persuadés qu’un artiste de cette importance méritait d’avoir un site qui lui soit entièrement dédié, et passionnés de très longue date par la personnalité et l’œuvre peu communes de Magnard, nous espérons que vous partagerez notre enthousiasme grâce à cet outil.

Notre ambition n’est pas seulement de donner des informations exhaustives au sujet de Magnard. Sa vie et son œuvre sont pour nous particulièrement indissociables. C’est pourquoi nous voulons développer ici des aspects moins connus de Magnard, qui nous ont permis d’entrer plus facilement dans sa musique, souvent jugée difficile d’accès.

À travers ce site, nous voudrions partager avec vous cette vision et cette approche.

Ce travail sur Magnard est actuellement en cours d’élaboration. Il est donc encore très incomplet ; nous vous prions de nous en excuser.

Aussi, nous vous remercions par avance pour toute contribution à l’enrichissement de ce site. Tous vos articles ou suggestions d’articles, vos remarques, corrections éventuelles, compléments d’informations, documents visuels et sonores, annonces d’événements (concerts, enregistrements, émissions…) seront les bienvenus. Vous pouvez nous les faire parvenir à alberic.magnard.asso@free.fr.

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Portrait d’Albéric Magnard par sa fille Ondine

Les Poèmes en musique d’Albéric Magnard, par Sylvie Douche

En 2014, Sylvie Douche a publié dans le N° 163 (consacré à Albéric Magnard), de la revue allemande Musik-Konzepte : die Reihe über Komponisten (éditeur Text + Kritik, München) un texte très détaillé sur les Poèmes en musique d’Albéric Magnard : Die Lieder des Magnards.

Pianiste, agrégée, docteur et Maître de Conférences habilitée en Musicologie à Sorbonne Université, Sylvie Douche appartient également à l’UMR 8223 (IReMus-CNRS). Ses recherches sur les liens unissant musique et texte littéraire la rendaient tout indiquée pour cette étude sur ces pièces qu’Albéric Magnard appelait précisément « Poèmes en musique ».

Elle nous a autorisé à publier sur notre site la version originale. C’est donc la première fois que ce texte est accessible aux lecteurs français.

Qu’elle en soit vivement et chaleureusement remerciée !

L’article est à télécharger ici.

Guercœur à Osnabrück (juin 2019)

Guercœur, qui n’avait plus été mis en scène depuis sa création en 1931, a enfin été redonné en version scénique. C’était à Osnabrück, en Allemagne.

Bien que les avis soient unanimes sur ses qualités, cet ouvrage demande de tels moyens techniques et musicaux pour le mettre en œuvre, que jusqu’à présent aucun théâtre n’avait réussi à le proposer à nouveau au public. C’est tout à l’honneur de l’opéra d’Osnabrück de se lancer dans une telle aventure.

Ceux qui ont assisté à l’une des représentations ont eu un privilège que Magnard lui-même n’a malheureusement jamais eu, malgré ses démarches opiniâtres. Nous avons la chance d’être invités à la dernière représentation, le 5 juillet 2019.

Vous trouverez ci-dessous nos impressions sur la mise en scène de cette très belle production. Un retour sur l’aspect purement musical suivra.

Toutes les photos sont de Jörg Landsberg. Merci à l’opéra d’Osnabrück de nous avoir autorisés à les publier.

La mise en scène de Guercœur pose certains défis au metteur en scène et au scénographe dont l’équipe de l’Opéra d’Osnabrück s’est fort bien tirée.

Face à l’écueil d’une mise en scène trop réaliste et stéréotypée (pour la représentation de l’Au-delà), avec d’importants changements de décor, puisque nous passons de l’Au-delà à l’Ici-bas et vice versa, les artistes ont choisi un dispositif simple et « recyclable » : des ellipses lumineuses en hauteur et une plate forme elliptique, sorte de scène sur la scène, au sol. Ce dispositif est maintenu sur les trois actes, figurant alternativement un lieu funéraire, la chambre de Gisèle, une estrade, une place publique…

Quant aux cercles lumineux suspendus tout au long du spectacle au-dessus de la scène, ils évoquent sans peine l’aspiration spirituelle de cette œuvre de Magnard, aspiration plus ou moins explicite et assumée d’ailleurs, le musicien s’étant maintes fois proclamé athée, dans sa Correspondance notamment.

Un écran occupe tout le fond de scène, sur lequel sont projetées tantôt des formes géométriques évoluant de l’abstrait au figuratif (notons en particulier ces structures d’atomes s’imbriquant les unes aux autres pour former progressivement le visage de Guercœur lorsque celui-ci « ressuscite »), tantôt des scènes plus réalistes, comme des manifestations écrasées par les forces de l’ordre, ou des bains de foule d’hommes politiques, puissantes évocations d’événements tragiques ayant marqué l’Histoire, du XXe siècle à nos jours…

C’est selon nous le meilleur aspect de la mise en scène (et de la scénographie), car il permet, par des effets techniques très contemporains et inimaginables du temps de Magnard, de relever le plus grand défi de la représentation de cet Opéra politico-philosophique. À cet égard, le premier acte s’ouvrant sur une multitude de visages éclairés flottants dans l’air, comme les étoiles d’une lointaine galaxie, saisit par sa poésie et l’étrange émotion qui s’en dégage. Magnifique évocation de l’Au-delà et du royaume des morts.

A notre sens, ce judicieux parti-pris épuré et intemporel des deux premiers actes n’a pas été tenu jusqu’au bout, et la « chute » dans l’hyper réalisme contemporain du 3e acte nous semble assez regrettable. La succession de scènes ancrées dans le quotidien (l’échec de la réanimation de Guercœur par une équipe médicale, l’incinération de son corps puis la mise en urne…) nuit à la pureté de l’ensemble et ne nous paraissait pas nécessaire. D’autant que ce 3e acte est un retour à l’irreprésentable: la Mort, où seules « parlent » Vérité, Beauté, Bonté et Souffrance, et où « le temps n’est plus », « l’espace n’est plus » nous dit Magnard.

Festival Magnard à Beaune (24-11-2018)

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À l’initiative du label discographique Le Palais des Dégustateurs et de son producteur Éric Rouyer, parrainé par le Domaine de la Romanée-Conti, la maison Louis-Jadot et le Domaine Puig, un « Festival Magnard » a eu lieu au couvent des Jacobins, à Beaune, le 25 novembre 2018.

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Le couvent des Jacobins

Presque toute la musique de chambre (à l’exception du Quintette pour piano et vents), ainsi qu’une bonne partie des poèmes en musique d’Albéric Magnard était programmée (voir ici). Malheureusement, les musiciens du Trio Palmer sont restés bloqués à Lyon, et n’ont pu venir.

Le matin, après un splendide Quatuor de Debussy, le Quatuor Béla jouait pour la première fois celui de Magnard. Ils en ont donné une interprétation en tous points extraordinaire, avec un souci de l’équilibre remarquable, une texture aérée, de très belles conduites de lignes. Ce Quatuor, considéré comme le sommet de la musique de chambre de Magnard, ne se dévoile pas à la première écoute. Mais le Quatuor Béla a su en donner une lecture immédiatement perceptible.

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Le Quatuor Béla : Julien Dieudegard, Frédéric Aurier, Julian Boutin et Luc Dedreuil

Toute la journée était ponctuée par des extraits de la Correspondance d’Albéric Magnard, lues avec beaucoup de subtilité par le comédien Éric Wolfer, et par de courtes pièces pour harpe de Debussy, Caplet et Fauré, interprétées avec une musicalité exemplaire par Adeline de Preissac. Voilà qui apportait, d’une part un éclairage passionnant et complémentaire sur la personnalité de Magnard, et d’autre part de bienvenues respirations musicales dans un programme très dense.

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Éric Wolfer et Adeline de Preissac

Après une pause déjeuner où de grands vins étaient proposés, le professeur Pierre Magnard, petit-neveu du compositeur et éminent philosophe, a donné une conférence sur le thème « Albéric Magnard et la musique « pure » ».  Ce n’est sans doute pas, ici, le lieu d’essayer d’en résumer le contenu ; et ce serait bien difficile, tant le propos était élevé et profond. Mais pour bien comprendre l’esprit de cette journée il faut savoir qu’il y a soixante ans, dans la première classe qu’a eue en charge Pierre Magnard, il y avait un jeune élève, aujourd’hui à la tête du Domaine de la Romanée-Conti : Aubert de Villaine. Si les deux hommes s’étaient perdus de vue, ils étaient restés présents dans le cœur l’un de l’autre, ainsi qu’ils l’ont raconté de façon aussi simple qu’émouvante.

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Aubert de Villaine et Pierre Magnard

Puis est venu le moment des Poèmes en musique, avec au piano une des musiciennes les plus réputées actuellement dans cet exercice : Anne Le Bozec.

D’abord avec des extraits de l’Opus 3 (Ad Fontem Bandusiae, Invocation et Nocturne, c’est-à-dire ceux pour voix de soprano), merveilleusement interprétés par Marie-Laure Garnier. La voix est superbe, puissante et claire, et a rendu parfaitement les différentes couleurs de ces trois textes (le premier d’Horace, les autres de Magnard lui-même) qui rendent hommage à la nature, et tout particulièrement aux arbres.

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Anne Le Bozec et Marie-Laure Garnier

Puis avec l’ensemble du cycle de l’Opus 15, au poignant caractère autobiographique (tous les textes sont du compositeur) : il y évoque la mort de sa mère, la rencontre de sa femme, la naissance de sa fille, et sa propre mort. Ces poèmes ont été chantés avec une grande force de conviction par le baryton Didier Henry.

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Anne Le Bozec et Didier Henry

Pour clore cette journée exceptionnelle, les deux sonates d’Albéric Magnard, dans l’ordre chronologique inversé.

Après un douloureux Largo de Jean Cras, Alain Meunier et Anne Le Bozec nous ont offert, avec la complicité et la hauteur de vue qui les caractérisent, une Sonate pour violoncelle et piano intense et altière.

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Anne Le Bozec et Alain Meunier

Et enfin, la longue, mais ô combien sensible et merveilleuse Sonate pour violon et piano, sous les doigts experts (il l’a enregistrée, pour le Palais des Dégustateurs, avec Gérard Poulet) de Jean-Claude Vanden Eynden, toujours aussi infaillible musicien. Sa partenaire était Chouchane Siranossian ; sa sonorité est lumineuse, et sa palette de dynamiques d’une rare richesse.

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Jean-Claude Vanden Eynden et Chouchane Siranossian

Le « Chant funèbre » à Orléans, le 11-11-2018

Magnard ne pouvait rester en-dehors du Centenaire du 11-Novembre, même si en 1918 il était déjà mort depuis quatre ans.

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Pour cette commémoration, l’Orchestre Symphonique d’Orléans avait choisi son « Chant funèbre », composé à la mémoire de son père. Il était précédé de pièces de Butterworth, Hindemith, Debussy, Ravel et Ibert (certaines jouées au piano par les grands élèves du conservatoire d’Orléans), et suivi, en deuxième partie, par la grandiose Symphonie de Franck, que Magnard aimait tant.

En ouverture, un très intéressant préambule de l’historien et géologue Daniel Hubé, suivi par une impressionnante improvisation orchestrale sur l’enregistrement optique d’un sismographe, réalisé le 11-11-1918 vers 11h.

Pendant l’entracte, sur des images désespérantes de ruines filmées depuis un dirigeable juste après la guerre, Jean-Renaud Lhotte au violoncelle, et le chef d’orchestre Marius Stieghorst au piano, ont joué le poignant mouvement lent de la Sonate de Magnard, intitulé « Funèbre ».

Nous avons découvert en Marius Stieghorst un chef d’orchestre de grand talent, engagé et expressif, en communion évidente avec les musiciens. Plus généralement, les interprètes se sont tous montrés tout à fait investis.

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Une après-midi extrêmement émouvante…

La Première Symphonie à Guebwiller (Haute-Alsace), le 20-10-2018

Très rarement jouée, cette œuvre d’un Magnard encore étudiant (elle est du reste dédiée à son « maître et ami Vincent d’Indy ») était donnée par l’Orchestre Philharmonique de Fribourg dirigé par Fabrice Bollon.

Première belle surprise, en arrivant : l’annonce de la parution imminente de toute l’œuvre symphonique (les 4 symphonies, l’Ouverture, les Hymnes à la Justice et à Vénus, le Chant funèbre et la Suite dans le style ancien), enregistrées par ces mêmes interprètes.

Deuxième magnifique surprise, ensuite : la très grande qualité de l’exécution de la Première Symphonie de Magnard (et, en première partie, du Deuxième Concerto pour piano de Brahms, avec Adam Laloum), avec un orchestre d’une très grande richesse, capable de textures très variées, fort bien maîtrisé par un chef fougueux et précis. On sent qu’après avoir joué tout Magnard, ils sont en terrain connu.

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Et enfin, troisième surprise, très émouvante : le travail d’Anne Sadovska, artiste plasticienne, qui avait réalisé un décor numérique à partir des œuvres de la peintre Ondine Magnard, fille du compositeur. Elle a fait un formidable travail en trois dimensions, et elle a su faire très bien fonctionner l’alchimie entre les sons du père et les couleurs de la fille.

Ajoutons que tout cela se passait dans le couvent des Dominicains de Haute-Alsace, un lieu absolument sublime.

Bartosch Salmanski 16©Bartosch

Rencontres Musicales de Clermont (automne 2018)

Les Rencontres Musicales de Clermont de l’Oise, pour leur quatrième édition (2018), ont tenu à commémorer Albéric Magnard, qui a passé dans l’Oise ses dix dernières années, et y est mort dans les conditions que l’on connaît.

Clermont - Affiche

Le premier rendez-vous qui concernait Magnard, le 15 septembre, a été une très intéressante conférence de Jean-Marcel Kipfer. Il a su captiver un auditoire venu nombreux (la salle était pleine à craquer), mélangeant intelligemment extraits et explications de la musique de Magnard, et réflexions sur l’homme qu’il était et la vie qu’il a menée. C’est pourtant un exercice difficile, car la tentation est grande de mettre en avant ce qu’il y a eu de spectaculaire dans cette vie tellement riche. Mais le conférencier a su éviter cet écueil, tout en faisant un récit enthousiaste, vivant, et aussi haut en couleurs qu’ont été la vie et la musique de cet homme hors du commun.

Clermont - Conférence de Jean-Marcel Kipfer

Puis, le 5 octobre, il y a eu un concert avec un programme remarquable de qualité, de cohérence, de diversité et d’ambition (sonates pour violoncelle et piano de Debussy, Magnard, Fauré et Poulenc). Yan Levionnois et Guillaume Bellom l’ont défendu avec un extraordinaire talent : engagement de tous les instants, prises de risque abouties mais sans rien de démonstratif, construction maîtrisée, technique infaillible… Nous avons tous été très impressionnés. Le programme était fort dense, exigeant et puissant. Ces deux très jeunes musiciens ont montré une maturité et une profondeur remarquables. En ce qui concerne Albéric Magnard, nos deux artistes ont magnifiquement interprété, avec une intensité bouleversante, cette Sonate pour violoncelle et piano altière et poignante.

Concert Bellom - Levionnois (01)

Le lendemain, c’était un récital de Claire Désert. Son cher Schumann y était en très bonne place, avec une Fantaisie de toute beauté, intense, profonde, d’un engagement émotionnel qui a emporté tout le public. L’ensemble du programme était à l’avenant : Chopin, Beethoven, des transcriptions par Liszt de Schumann et de Verdi, et bien sûr, notre Albéric Magnard ! Claire Désert avait choisi, pour leur contraste, deux extraits de ses Promenades (Envoi et Saint-Cloud), qui ont étonnamment apporté une certaine légèreté à ce programme qui ne l’était guère. Voilà Magnard d’un point de vue pour le moins inhabituel ! Mais pour notre plus grand plaisir.

Récital Claire Désert (14)

Malheureusement l’excellent Quatuor Cambini n’a pas pu, pour des raisons de santé de l’un de ses membres, monter le dernier mouvement du Quatuor de Magnard qui était prévu. Nous aurions été très curieux de l’entendre, joué sur instruments d’époque. Nous espérons que ce n’est que partie remise.

À l’occasion de ces Rencontres Musicales, un petit livre sur Magnard a été réalisé : La dernière partition d’Albéric. Son originalité est d’être écrit à la deuxième personne du singulier, l’interlocuteur n’étant autre qu’Albéric Magnard lui-même. Il s’adresse aux jeunes « de 9 à 15 ans ». En une trentaine de pages de texte (très vivant, de Carole Derozier), avec de nombreuses illustrations (certaines d’archives, d’autres originales d’Erlina Doho), et une préface de l’arrière-petite-fille de Magnard (Milena Vlach-Magnard), voilà une excellente première approche de cette personnalité si complexe.

La dernière partition d'Albéric

Merci à l’Association la Musicale de Clermont de l’Oise, à sa présidente Cécile Grange, à sa conseillère musicale Claire de Varine, et à tous ses bénévoles. Nous avons été merveilleusement accueillis à Clermont, et surtout ils ont fait un remarquable travail, avec enthousiasme, passion, générosité et bonne humeur, pour mieux faire connaître Magnard dans sa région d’adoption. Nous restons bien entendu en contact, et avons déjà des idées pour de futures et fructueuses collaborations !

Yolande à Berlin (septembre 2018)

C’est une grande nouvelle qui nous est venue d’Allemagne : la résurrection de Yolande, un court opéra écrit par Magnard quand il avait vingt-cinq ans.

Il a été créé en 1892, au Théâtre de la Monnaie à Bruxelles, et n’a jamais été repris depuis.

De plus, nous n’en avons aucun enregistrement. La partition d’orchestre a été en effet perdue, et c’est Lars Straehler-Pohl qui, d’après la partition chant-piano, l’a réorchestré, et en a dirigé cinq représentations, du 28 au 30 septembre 2018, au Privatoper de Berlin, un lieu qui s’est fait la spécialité, depuis 2014, de faire découvrir des opéras peu souvent représentés.

Lars Straehler-Pohl
Lars Straehler-Pohl

En attendant une production très espérée en France, et en français, celles-là l’ont été en allemand, dans une traduction de Bernd Matzner.

Au même programme, Aux étoiles d’Henri Duparc, La damoiselle élue de Claude Debussy, la Pavane de Gabriel Fauré, et des textes de Stéphane Mallarmé, Dante Gabriel Rossetti, Gabriel Sarrazin et Robert de Montesquiou.

Nous avons tout d’abord découvert un lieu très original et sympathique, avec un public très jeune. On peut prendre un verre avant d’entrer dans la salle… avec son verre ! D’où quelques bruits incongrus pendant le spectacle, mais sans que cela ne nuise à l’attention du public ni à la concentration des artistes.

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Pierre Carrive, Milena Vlach-Magnard et Lars Straehler-Pohl

Nous sommes extrêmement reconnaissants à Lars Straehler-Pohl et au Privatoper de Berlin de cette résurrection.

Les biographies de Magnard

Il existe à ce jour deux biographies éditées sur Albéric Magnard.

La première, au titre très évocateur : La vie, l’œuvre et la mort d’Albéric Magnard, est due à son ami le critique musical Gaston Carraud. Elle a été publiée dès 1921, peu de temps après la mort de Magnard (1914), aux éditions Rouart, Lerolle et Cie.

La deuxième : Albéric Magnard, est due à Simon-Pierre Perret, malheureusement tout récemment disparu. C’est à nos yeux l’ouvrage de référence sur le compositeur. A noter qu’elle contient en seconde partie une analyse très poussée de son œuvre, que nous devons au grand musicologue, hélas lui aussi regretté, Harry Halbreich. Elle a été publiée en 2001 aux éditions Fayard.

Voici quelques liens vers des biographies que vous pourrez consulter sur Internet.

La plus complète est sans conteste celle du site Musica et Memoria, réalisée par Simon-Pierre Perret. Sur la même page, vous trouverez une bibliographie très détaillée, ainsi qu’un dossier sur les circonstances exceptionnelles de la mort de Magnard.

On trouve par ailleurs deux biographies assez semblables sur le plan de la présentation, avec une iconographie et des extraits musicaux :

La première, très factuelle et assez succincte, sur le site Musicologie.org, est due à Jean-Marc Warszawski. On y trouve également un catalogue des œuvres de Magnard, avec les liens vers les partitions téléchargeables, et une bibliographie sommaire mais qui reprend les ouvrages principaux. Et puis, il y a une très belle conférence de Gaston Carraud, le premier biographe de Magnard. Elle en brosse un portrait psychologique saisissant, aussi passionnant qu’émouvant.

La seconde biographie, plus complète et plus personnelle, est sur un site fort recommandable, dédié aux « courants artistiques et littéraires de 1880 à 1920 » : Art nouveau et Jugendstil. L’article consacré à Magnard est Un musicien solitaire, Albéric Magnard. Le nom de l’auteur n’est malheureusement pas précisé.

Il existe aussi, sur le site de l’éditeur Hypérion (à qui l’on doit notamment une très belle intégrale des symphonies, sous la direction de Jean-Yves Ossonce, grand défenseur de Magnard) une biographie de Francis Pott. Très intéressante, elle met l’accent sur la formation de Magnard.

Et bien sûr, Magnard a sa page Wikipédia. C’est une introduction destinée à ceux qui veulent savoir qui était Magnard en quelques mots. Bien entendu, ce très grand musicien mérite d’en savoir beaucoup plus ! Ce site a l’ambition d’y contribuer.

Sonate de violon par Ingolfsson & Stoupel

Concert-Centenaire - CD Stephan-Magnard

Cet enregistrement, réalisé en février 2016, est le onzième de la Sonate pour violon et piano de Magnard, et à ce jour (août 2018) le plus récent. C’est l’occasion de rappeler que cette Sonate est, avec la Sonate pour violoncelle et piano, l’œuvre de Magnard de loin la plus enregistrée, avec, donc, onze versions. Après, vient le Quintette pour piano et vents, avec « seulement » (ne boudons pas notre plaisir !) six versions.

Il fait partie du projet « Concert-Centenaire », qui comporte aussi un CD Vierne (Sonate pour violon et piano et Quintette avec piano) :

Concert-Centenaire - CD Vierne

et un CD Fauré (les deux Sonates pour violon et piano) :

Concert-Centenaire - CD Fauré

Cet enregistrement a été réalisé dans la mythique Jesus-Christus-Kirche à Berlin-Dahlem, que Furtwängler affectionnait tant pour enregistrer avec l’Orchestre Philharmonique de Berlin. Son acoustique est en effet très réputée, et si Karajan insista pour avoir un autre lieu d’enregistrement parfaitement adapté, c’était à cause de l’aéroport tout proche de la Jesus-Christus-Kirche. Pour cette Sonate de Magnard, ce ne sont pas les avions, mais les travaux autour de l’église qui ont posé problème ! Les séances durent avoir lieu entre 18h et 23h. Mais le chauffage s’arrêtait à 19h ! À Berlin, en février, les soirées sont pour le moins fraîches… De sorte qu’il faisait assez rapidement 16°C. C’est impossible à déceler à l’écoute, cette version étant au contraire l’une des plus chaleureuses !

Et puis, il y avait la chaleur humaine, avec une équipe bien soudée, qui avait déjà réalisé d’autres projets ensemble : l’ingénieur du son Michael Havenstein, son technicien de la Deutschlandradio Kultur Bernd Friebel, un assistant, sans oublier un fidèle tourneur de pages, Knud Breyer.

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Avant de passer devant les micros, le duo Ingolfsson – Stoupel avait jouée cette Sonate une dizaine de fois, dans plusieurs pays (dont une tournée aux États-Unis). C’est un fait assez rare pour être souligné, d’autres interprètes faisant le choix inverse.

À l’étranger, les critiques ont été très enthousiastes.

Andreas Falentin, sur le site Concerti.de (Allemagne), applaudit le « ton sensuel et les lignes claires » de Judith Ingolfsson, et le piano « détendu et élégant » de Vladimir Stoupel. Sur le site Mundoclasico.com (Espagne), Paco Yáñez situe cette version « entre la candeur de ses phrases mélodiques et la rigueur de la construction ». Remy Franck, dans Pizzicato (Luxemburg), salue l’investissement des interprètes, qui donnent « beaucoup de puissance expressive avec des nuances dynamiques et colorées », et « une interprétation noble, sensible et intense de la magnifique Sonate pour violon d’Albéric Magnard ».

Au Canada, dans le Musical Toronto, Norman Lebrecht loue le « lyrisme irrésistible » du violon d’Ingolfsson, sans « aucune concession à la sentimentalité », tandis que dans The Whole Note, Terry Robbins conclut par : « Le jeu d’Ingolfsson est tout simplement superbe à travers un CD fascinant, avec Stoupel offrant un soutien formidable. »

Aux États-Unis, dans Fanfare Magazine Colin Clarke considère que « Ingolfsson et Stoupel offrent une lecture fine et perspicace, sans honte, sans avoir peur de chercher le cœur même de la partition », et Gil French, dans l’American Record Guide, parle d’une « performance stellaire », et trouve cette interprétation « spontanée plutôt que rigidement contrôlée ».

Mais en France, l’accueil, bien meilleur pour les deux autres enregistrements du projet « Concert-Centenaire » (Vierne et Fauré), a été moins favorable, si l’on en juge par la seule critique que nous ayons trouvée. Est-ce dû à ce que, depuis dix ans, seuls des violonistes français avaient enregistré cette Sonate, tous dans les années précédentes (Geneviève Laurenceau en 2012, Gérard Poulet en 2013 et Solenne Païdassi en 2014) ? Toujours est-il que Diapason, après avoir loué les contrastes finement dessinés du Grotesque de Rudi Stephan, trouve que « le Calme de la sonate de Magnard s’étire trop pour que le chant s’épanouisse », et que « Stoupel a les mains un peu lourdes dans les fusées du Scherzo, que l’archet au souffle court de sa partenaire n’aide pas à décoller ».

Disons-le tout net : nous ne sommes pas d’accord ! Il est vrai que leur mouvement lent est le plus lent de toute la discographie et de loin (un seul – celui du coffret Sonates dédiées à Eugène Ysaÿe – n’est que légèrement moins lent ; tous les autres le sont très nettement). Mais nous le trouvons, justement, particulièrement réussi. Le jeu de Judith Ingolfsson, qui nous a rappelé celui de Christian Ferras, est à la fois généreux et intérieur, expressif et pudique, et l’un comme l’autres sont extrêmement convaincants, et émouvants, dans les grandes phrases longues et expressives. Quant à Vladimir Stoupel, nous avons apprécié sa souplesse rythmique ; pas tout à fait du rubato, mais quelque chose de plus difficile à définir, qui se rapprocherait plutôt du swing, de manière extrêmement subtile toutefois.

Vous pouvez vous en faire une idée par vous-mêmes : https://www.youtube.com/watch?v=DYEh_HbWp30

De notre point de vue, c’est une vision qui, malgré la longueur, se rapproche davantage d’un Lied de Schubert que d’une symphonie de Bruckner. Le ton en est particulièrement sensible, la ferveur toute intérieure, et l’on y trouve même une tendresse que l’on n’attend pas forcément chez Magnard.

Un mot du couplage. Cet enregistrement échappe à la règle, pour le moment très rarement enfreinte, de compléter des œuvres de Magnard avec de la musique française. Certes nous restons dans la cadre « Première Guerre mondiale » dont Magnard a du mal à sortir, mais avec un éclairage inhabituel et intéressant. Rudi Stephan était un compositeur allemand, mort lui aussi au début de la Guerre, mais beaucoup plus jeune que Magnard : il avait vingt-huit ans, sans donc avoir eu le temps d’affirmer un langage très prometteur. Il semble qu’ils partageaient tous deux un sens aigu de la justice.

Son Grotesque est une petite pièce de dix petites minutes, tout à fait digne d’intérêt. Dans la pochette du CD (à télécharger ici), Christoph Schlüren écrit : « Aussi succincte soit-elle, l’œuvre Grotesque séduit en outre grâce à tous ces signes caractéristiques qui font tout l’art de Stephan : les divergences maximales poussées à l’extrême dans leur expression, une expression caractérisée à la fois par une agitation fébrile et par une introspection continue sur le fonctionnement du monde. C’est de cette introspection que le Grotesque puise la dynamique irrésistible de sa forme. Oser mener cette divergence jusqu’à l’extrême de la corrélation exige des interprètes un courage émotionnel de l’instant, courage qui s’avérera essentiel dans cette époque d’expressionnisme musical en pleine éclosion. » Nul doute que, dans cet enregistrement, les interprètes ont ce courage !

Nous n’avons pas (encore ?) eu la chance de les entendre au concert dans cette Sonate de Magnard, mais dans d’autres (Franck, Vierne, sans compter la Sonate pour alto et piano de Vieuxtemps ; Judith Ingolfsson joue en effet aussi, et magnifiquement, de l’alto : elle tire probablement de cette pratique sa très belle expressivité), et nous avons pu constater combien leurs présences sur scène, tout à fait différentes, sans être envahissantes le moins du monde, sont absolument réelles.