Lettre à Guy Ropartz (21 décembre 1910)

 [Baron,] 21.12.1910

Ohé, Ohé, mon bon vieux, il y a du découragement dans votre lettre. « J’essaye d’orchestrer une petite symphonie qui ira rejoindre les trois autres dans l’indifférence de tous ». Alors j’en suis ?

Coup de chapeau, vous êtes bien gentil. Sachez cependant, vieil ingrat, que si je méprise votre deuxième symphonie, je m’intéresse beaucoup à la première, et j’admire infiniment la troisième.

Je ne demande qu’à applaudir la quatrième et j’irai à Nancy pour ce faire. Prévenez-moi à l’avance, voilà tout !

Allons, allons, nom de Dieu ! Empoigne ta barbe, pisse, crache et danse-moi un rigaudon sur un chœur tragique de Meyerbeer !

Ne te plains pas, vieux canard, tu attendras moins longtemps pour le Pays[1] que je n’aurai attendu pour Guercœur.

Sérieuse accolade.

A. Magnard

[1] Le Pays fut représenté à Nancy le 1.2.1912 et à l‘Opéra-Comique le 16.4.1915.